de Jane Eyre à Jane R

Cette section est consacrée à ce que j'ai relevé comme passages sur l'amour, le mariage, et la manière dont Jane Eyre perçoit les choses ; passages parfois très drôles, ou émouvants.


Premier contact après l'incendie du lit d'Edward

(un de mes passages préférés)
“Good-night, then, sir,” said I, departing.
He seemed surprised — very inconsistently so, as he had just told me to go.
“What!” he exclaimed, “are you quitting me already, and in that way?”
“You said I might go, sir.”
“But not without taking leave; not without a word or two of acknowledgment and good-will: not, in short, in that brief, dry fashion. Why, you have saved my life! — snatched me from a horrible and excruciating death! and you walk past me as if we were mutual strangers! At least shake hands.”
He held out his hand; I gave him mine: he took it first in one, them in both his own.
“You have saved my life: I have a pleasure in owing you so immense a debt. I cannot say more. Nothing else that has being would have been tolerable to me in the character of creditor for such an obligation: but you: it is different; — I feel your benefits no burden, Jane.”
He paused; gazed at me: words almost visible trembled on his lips,- -but his voice was checked.
“Good-night again, sir. There is no debt, benefit, burden, obligation, in the case.”
“I knew,” he continued, “you would do me good in some way, at some time; — I saw it in your eyes when I first beheld you: their expression and smile did not” — (again he stopped) — “did not” (he proceeded hastily) “strike delight to my very inmost heart so for nothing. People talk of natural sympathies; I have heard of good genii: there are grains of truth in the wildest fable. My cherished preserver, goodnight!”
Strange energy was in his voice, strange fire in his look.
“I am glad I happened to be awake,” I said: and then I was going.
“What! you WILL go?”
“I am cold, sir.”
“Cold? Yes, — and standing in a pool! Go, then, Jane; go!” But he still retained my hand, and I could not free it. I bethought myself of an expedient.
“I think I hear Mrs. Fairfax move, sir,” said I.
“Well, leave me:” he relaxed his fingers, and I was gone.
I regained my couch, but never thought of sleep. Till morning dawned I was tossed on a buoyant but unquiet sea, where billows of trouble rolled under surges of joy.
(chap.15)


-Et bien, bonne nuit Monsieur, dis-je en m'éloignant.
Il parut surpris de manière fort illogique puisqu'il venait de me dire de partir.
-Quoi ? s'écria-t-il, me quittez-vous déjà et de cette manière ?
Vous avez dit que je devais rentrer.
-Mais pas sans prendre congé, pas sans avoir dit un ou deux mots de remerciement et de gratitude, pas de cette façon sèche et succincte. Voyons, vous m'avez sauvé la vie, extirpé d'une mort atroce ! et vous me quittez comme si nous étions des étrangers ! serrons-nous au moins la main.
Il me tendit la main, je lui donnais la mienne, il la prit d'abord dans une main puis dans les deux.
-Vous avez sauvé ma vie : je ressens une immense joie à vous êtes redevable. Je ne peux en dire plus. Rien de ce qui s'est passé n'aurait été tolérable à mes yeux si j'avais une dette envers quiconque, mais avec vous, c'est différent, Jane, je ne ressens pas votre aide comme un fardeau.
Il fit une pause, m'observa, les mots restaient suspendus à ses lèvres, sa voix restait muette.
-Je vous redis bonsoir Monsieur, dans cette affaire, il n'y a ni dette, ni bonté, ni fardeau,  ni devoir.
-J'ai su, poursuivit-il, que vous me feriez un jour du bien d'une manière ou d'une autre, je l'ai vu dans vos yeux la première fois que je vous ai aperçue, ce n'est pas sans raison que leur expression et leur sourire, - de nouveau il s'interrompit- ce n'est pas pour rien (ajouta-t-il précipitamment) que mon coeur fut rempli de joie. Il existe des sympathies naturelles, parait-il ; j'ai entendu parler de bons génies : il doit y avoir quelque vérité dans les fables les plus invraisemblables. Ma chère bienfaitrice, bonsoir !
Etranges étaient l'énergie de sa voix et le feu de son regard.
-Je suis heureuse d'avoir été réveillée, dis-je en reculant.
-Comment ! vous allez partir !
-J'ai froid Monsieur.
-Froid ? bien sûr, et vous vous tenez dans une flaque ! Allez-y Jane ! mais il tenait toujours mes mains dans les siennes et je ne pouvais me dégager. Je réfléchis à un moyen.
Il me semble que j'entends venir Mme Fairfax, dis-je.
-Et bien, quittez-moi. Il relâcha son étreinte et je m'en fus.
Je regagnais mon lit mais je ne pensais à dormir. Jusqu'à l'aube, je fus ballotée dans un océan agité qui me portait, alternant les vagues d'embarras et des flux de joie.

Egalité. Relations entre Jane et Edward

I wanted again to introduce the subject of Grace Poole, and to hear what he would answer; I wanted to ask him plainly if he really believed it was she who had made last night’s hideous attempt; and if so, why he kept her wickedness a secret. It little mattered whether my curiosity irritated him; I knew the pleasure of vexing and soothing him by turns; it was one I chiefly delighted in, and a sure instinct always prevented me from going too far; beyond the verge of provocation I never ventured; on the extreme brink I liked well to try my skill. Retaining every minute form of respect, every propriety of my station, I could still meet him in argument without fear or uneasy restraint; this suited both him and me. (chap.16)

Je voulais lui reparler de Grace Poole, et écouter ce qu'il avait à répondre, je voulais lui demander tout de go s'il pensait réellement que c'était elle l'auteur de l'effroyable attentat de la nuit passée, et si c'était le cas, pourquoi il voulait garder secrète sa culpabilité. Je me moquais que ma curiosité l'irritât, je reconnaissais le plaisir de le contrarier et de l'amadouer tour à tour ; c'était un plaisir dont je me délectais et un instinct sûr m'empêchait d'aller trop loin ; jamais je n'allais au-delà des limites de la provocation ; j'aimais bien aller jusqu'à la limite extrême pour éprouver mes compétences. En respectant toutes les formes extérieures de respect, les bienséances de mon rang, je pouvais engager une discussion avec lui sans peur, sans retenue aucune ; ceci nous convenant à tous les deux.
Jane retrouve Edward qui s'est absenté après l'incendie de son lit
No sooner did I see that his attention was riveted on them, and that I might gaze without being observed, than my eyes were drawn involuntarily to his face; I could not keep their lids under control: they would rise, and the irids would fix on him. I looked, and had an acute pleasure in looking, — a precious yet poignant pleasure; pure gold, with a steely point of agony: a pleasure like what the thirst-perishing man might feel who knows the well to which he has crept is poisoned, yet stoops and drinks divine draughts nevertheless. (chap.17)

A peine remarquai-je qu'il était absorbé par elles (les dames), et que je pouvais le contempler sans être observée, que mes yeux furent malgrè moi attirés par son visage, je ne pouvais contrôler mes paupières : elles se soulevèrent et je le fixai intensément. Je le regardais tout en ressentant un  grand plaisir à le faire, un plaisir saisisssant et inestimable, de l'or pur avec une pointe de souffrance : une joie semblable à ce que ressent un homme mourant de soif rampant vers un puits dont il sait que l'eau est empoisonnée, mais il se penche tout de même et boit de divines gorgées.

Jane observe Edward et Blanche Ingram

I have told you, reader, that I had learnt to love Mr. Rochester: I could not unlove him now, merely because I found that he had ceased to notice me — because I might pass hours in his presence, and he would never once turn his eyes in my direction — because I saw all his attentions appropriated by a great lady, who scorned to touch me with the hem of her robes as she passed; who, if ever her dark and imperious eye fell on me by chance, would withdraw it instantly as from an object too mean to merit observation. I could not unlove him, because I felt sure he would soon marry this very lady — because I read daily in her a proud security in his intentions respecting her — because I witnessed hourly in him a style of courtship which, if careless and choosing rather to be sought than to seek, was yet, in its very carelessness, captivating, and in its very pride, irresistible. (chap.18)

Je vous ai dit, lecteur, que j'avais appris à aimer M.Rochester : je ne pouvais pas ne pas l'aimer simplement parce qu'il avait cessé de faire attention à moi, parce que je pouvais passer des heures en sa présence sans qu'il ne me regarde jamais, parce que je voyais toutes ses attentions accaparées par une demoiselle distinguée, qui prenait grand soin de ne pas m'effleurer de sa robe lorsqu'elle passait, qui, lorsque ses yeux sombres et hautains se posaient par mégarde sur moi se fixaient aussitôt ailleurs comme si j'étais un objet insignifiant ne méritant pas son attention. Je ne pouvais pas ne pas l'aimer, parce que j'étais assurée qu'il allait prochainement se marier avec cette dame, parce que chaque jour je pouvais lire en elle la certitude qu'elle avait de ses intentions envers elle, parce que j'étais témoin de la cour qu'il lui faisait à chaque instant, sa manière insouciante d'avoir l'air de jouer à cache-cache, cette façon de faire était pour moi fascinante et d'une incroyable vanité.

Les retrouvailles entre Jane et Edward après la mort de sa tante Reed

...I see — Mr. Rochester sitting there, a book and a pencil in his hand; he is writing. Well, he is not a ghost; yet every nerve I have is  unstrung: for a moment I am beyond my own mastery. What does it mean? I did not think I should tremble in this way when I saw him, or lose my voice or the power of motion in his presence. I will go back as soon as I can stir: I need not make an absolute fool of myself. I know another way to the house. It does not signify if I knew twenty ways; for he has seen me. “Hillo!” he cries; and he puts up his book and his pencil. “There you are! Come on, if you please.” I suppose I do come on; though in what fashion I know not; being scarcely cognisant of my movements, and solicitous only to appear calm; and, above all, to control the working muscles of my face — which I feel rebel insolently against my will, and struggle to express what I had resolved to conceal. (chap.22)

...j'aperçois - M.Rochester assis là, tenant un livre et un crayon, il écrit. Et bien, ce n'est pas un fantôme, et pourtant mes nerfs ne me répondent plus, pendant un instant, je ne suis plus moi-même. Qu'est-ce que cela veut-dire ? Je n'aurais jamais cru que je tremblerais de la sorte en le voyant, ni que j'en perdrais la capacité de parler ou de bouger en sa présence. Je reviendrai sur mes pas dès que j'en serai capable, nul besoin de me comporter comme une imbécile. Je connais un autre chemin pour rentrer à la maison. Que j'en connaisse 36 ne me servit à rien car il me vit. Holà ! crie-t-il en posant son livre et son crayon. "Enfin vous voilà ! Venez par ici s'il vous plaît". Je suppose que je m'exécute bien que je ne sache pas comment, étant à peine consciente de mes mouvements, et accaparée par l'envie de paraître maître de moi-même, de contrôler mon visage - lequel semble vouloir se rebeller contre ma volonté et exprimer ce que j'étais résolue à tenir cacher.

Edward annonce à Jane qu'elle doit quitter Thornfield

“I sometimes have a queer feeling with regard to you — especially when you are near me, as now: it is as if I had a string somewhere under my left ribs, tightly and inextricably knotted to a similar string situated in the corresponding quarter of your little frame. And if that boisterous Channel, and two hundred miles or so of land come broad between us, I am afraid that cord of communion will be snapt; and then I’ve a nervous notion I should take to bleeding inwardly. As for you, — you’d forget me.”
“That I NEVER should, sir: You know — “ Impossible to proceed.
“Jane, do you hear that nightingale singing in the wood? Listen!”
In listening, I sobbed convulsively; for I could repress what I endured no longer; I was obliged to yield, and I was shaken from head to foot with acute distress. When I did speak, it was only to express an impetuous wish that I had never been born, or never come to Thornfield.
“Because you are sorry to leave it?”
The vehemence of emotion, stirred by grief and love within me, was claiming mastery, and struggling for full sway, and asserting a right to predominate, to overcome, to live, rise, and reign at last: yes, — and to speak.
(chap.23)

"Quitter Thornfield" (Jane Eyre 2006 - BBC)

J’éprouve un étrange sentiment envers vous, surtout lorsque vous êtes proche de moi comme en ce moment : c’est comme si j’avais une corde accrochée à mes côtes du côté gauche me reliant fermement et solidement au même endroit sur votre petite silhouette. Et si jamais la turbulente mer d’Irlande ajoutée à plus de 300 km de distance se mettaient entre nous, je crains que ce lien ne se casse, et je crois pouvoir imaginer que je saignerai intérieurement. Quand à vous, vous m’oublierez.
Cela jamais Monsieur ! Vous le savez bien – impossible de continuer.
Jane, entendez-vous le rossignol chanter dans la forêt ? Ecoutez !
En écoutant, je sanglotais convulsivement, incapable de réprimer plus longtemps ce que j’endurais, j’étais obligée de pleurer et j’étais secouée de haut en bas par une crise aigüe de détresse. Lorsque je pus reparler, ce fut pour exprimer avec passion le vœu de ne jamais être née, de n’être jamais venue à Thornfield.
-Parce que vous seriez désolée de partir ?
La violence de mon émotion, attisée en moi par le chagrin et l’amour, avait besoin de s’exprimer, se débattait pour sortir, tentait de prendre le dessus, d’éxister, de s’élever, et d’éclater enfin, oui, et de parler.

La demande en mariage

“Do you think, because I am poor, obscure, plain, and little, I am soulless and heartless ? You think wrong! — I have as much soul as you, — and full as much heart! And ifGod had gifted me with some beauty and much wealth, I should have made it as hard for you to leave me, as it is now for me to leave you. I am not talking to you nowthrough the medium of custom, conventionalities, nor even of mortal flesh; — it is my spirit that addresses your spirit; just as if both had passed through the grave,and we stood at God’s feet, equal, — as we are!” “As we are!” repeated Mr. Rochester — “so,” he added, enclosing me in his arms. Gathering me to his breast, pressing his lips on my lips: “so, Jane!” (chap.23)

"Croyez-vous, parce que je suis pauvre, insignifiante, moche et minuscule, que je sois dénuée d'âme et de coeur ? Vous vous trompez ! J'ai autant d'âme que vous et largement autant de coeur ! Et si Dieu m'avait fait don d'un peu de beauté et de beaucoup de richesse, j'aurais fait en sorte que ce soit aussi difficile pour vous de me quitter que ça l'est pour moi. Je ne vous parle pas selon les coutumes d'usage ni même en tant qu'être humain, c'est mon esprit qui s'adresse au vôtre, comme si nous étions tous deux passé par la tombe et que nous nous tenions égaux devant Dieu, tels que nous le sommes". "Tels que nous le sommes" répéta M.Rochester, "comme ceci" ajouta-t-il en me prenant dans ses bras. M'attirant contre lui et pressant ses lèvres sur les miennes : "Comme ceci Jane !"

“And your will shall decide your destiny,” he said :
“I offer you my hand, my heart, and a share of all my possessions.”
“You play a farce, which I merely laugh at.”
“I ask you to pass through life at my side — to be my second self, and best earthly companion.”
chap 23

Et vous déciderez de votre destin, dit-il.  Je vous offre ma main, mon coeur, une part de tout ce que je possède.
- Vous vous moquez de moi et je ne peux qu'en rire.
- Je vous demande de passer votre vie à mes côtés, d'être ma moitié et ma plus chère compagne sur cette terre.

A l'école sans "mademoiselle"

Un autre de mes passages préférés !

Adele heard him, and asked if she was to go to school “sans mademoiselle?”
“Yes,” he replied, “absolutely sans mademoiselle; for I am to take mademoiselle to the moon, and there I shall seek a cave in one of the white valleys among the volcano-tops, and mademoiselle shall live with methere, and only me.” (chap.24)

Adèle l'entendit et demanda si elle devait aller à l'école "sans mademoiselle".
- Oui, répondit-il, "absolument sans mademoiselle car je vais emmener mademoiselle dans la lune, et j'y chercherai une grotte dans les blanches vallées au milieu des volcans; et mademoiselle y vivra avec moi et moi seul".

Jane Eyre Rochester

“It is Jane Eyre, sir”
“Soon to be Jane Rochester”, he added : “in four weeks, Janet ; not a day more. Do you hear that ?” (chap.24)

"Oui, monsieur, c'est Jane Eyre".
"Qui sera bientôt Jane Rochester", ajouta-t-il ; "dans quatre semaines, Janette, pas un jour de plus, entendez-vous ?"

Edward se fache, un peu, contre Jane qui souhaite un aveu

I dare you to any such experiment. Encroach, presume, and the game is up.
Is it, sir ? You soon give in. How stern you look now ! Your eyebrows have become as thick as my finger, and your forehead resembles what, in some very astonishing poetry, I once saw styled, "a blue-piled thunderloft." That will be your married look, sir, I suppose ? (chap.24)

Je vous défie de faire une telle expérience. Essayez de gagner du terrain, faites des suppositions et tout est fini.
Vraiment Monsieur ? Vous abandonnez vite la partie. Vous avez l'air si dur à présent ! Vos sourcils sont aussi épais que mes doigts et votre front ressemble à une expression lue dans un poème extraordinaire : "un grenier de tonnerre tout rempli de bleu". Ce sera votre allure d'homme marié je suppose ?
En fait dans ce passage, un peu dramatique mais que je trouve assez drôle (dans la mesure où je me place du point de vue de l'auteur et des sentiments qu'elle a traduit) Jane veut savoir pourquoi Edward lui a laissé croire qu'il allait épouser Mademoiselle Ingram (pour attiser un peu la jalousie de Jane) mais Edward imagine que Jane désire qu'il lui avoue le secret de la tour, d'où viennent les bruits et manifestations nocturnes, c'est pourquoi il a l'air contrairé, voire fâché.

Jane et Edward : l'attachement invisible à travers l'espace

l'attachement solide
You are my sympathy — my better self — my good angel. I am bound to you with a strong attachment. I think you good, gifted, lovely: a fervent, a solemn passion is conceived in my heart; it leans to you, draws you to my centre and spring of life, wraps my existence about you, and, kindling in pure, powerful flame, fuses you and me in one. (chap.27)

Tu es mon coeur, le meilleur de moi-même, mon bon ange. Je suis lié à toi par un attachement solide. Je te sais bonne, intelligente, adorable, mon coeur a mûri pour toi une passion fervente et solennelle ; elle tend vers toi, t'attire vers moi, vers le centre de ma vie, elle t'enveloppe de ma présence et nous embrase toi et moi d'un feu bienveillant et puissant.
(J'ai décidé qu'à ce stade, Edward pourrait tutoyer Jane. Et inversement)

Jane entend la voix d'Edward qui l'appelle au milieu de la nuit
My heart beat fast and thick: I heard its throb. Suddenly it stood still to an inexpressible feeling that thrilled it through, and passed at once to my head and extremities. The feeling was not like an electric shock, but it was quite as sharp, as strange, as startling: it acted on my senses as if their utmost activity hitherto had been but torpor, from which they were now summoned and forced to wake. They rose expectant: eye and ear waited while the flesh quivered on my bones.
“What have you heard? What do you see?” asked St. John. I saw nothing, but I heard a voice somewhere cry-
“Jane! Jane! Jane!” — nothing more.
“O God! what is it?” I gasped.
I might have said, “Where is it?” for it did not seem in the room — nor in the house — nor in the garden; it did not come out of the air — nor from under the earth — nor from overhead. I had heard it — where, or whence, for ever impossible to know! And it was the voice of a human being — a known, loved, wellremembered voice — that of Edward Fairfax Rochester and it spoke in pain and woe, wildly, eerily, urgently.
“I am coming!” I cried. “Wait for me! Oh, I will come!” I flew to the door and looked into the passage: it was dark. I ran out into the garden: it was void.
“Where are you?” I exclaimed.
(chap.35)

Mon coeur battait la chamade, j'étendais ses pulsations. Soudain, il se calma sous l'effet d'une indicible sensation qui me traversa de part en part. C'était quelque chose de différent d'un choc électrique mais aussi pénétrant, étrange et saisissant qui agit sur mes sens comme si ceux-ce se réveillaient après avoir été jusqu'ici baignés dans une torpeur de laquelle ils étaient forcé de sortir. Mes sens étaient en éveil : mon oeil et mon oreille attendaient tandis que tout mon être frémissait.
-"Qu'avez-vous entendu ? Que voyez-vous" ? me demanda St.John. Je ne voyais rien mais j'entendais une voix gémir-
"Jane ! Jane ! Jane ! - rien de plus.
Oh Dieu ! Qu'est-ce ? haletè-je
J'aurais pu dire "Où est-ce ?" car la voix ne venait pas de la pièce, ni même de la maison, ni du jardin, ni des airs, ni de la terre, ni d'en haut. Je l'avais entendue, mais impossible de savoir où elle était, d'où elle venait. Et c'était une voix humaine, une voix connue et aimée, inoubliable, celle d'Edward Fairfax Rochester, une voix aux accents de souffrance, de douleur, impérieuse et follement inquiétante.
"J'arrive" criai-je. Attendez-moi ! Oh j'arrive ! Je me précipitais sur la porte et regardais dans le couloir : il faisait sombre. Je courus dans le jardin : il était désert.
Où êtes-vous ? m'écriai-je.

Edward avoue à Jane qu'il l'a appelée en pleine nuit
“I was in my own room, and sitting by the window, which was open: it soothed me to feel the balmy nightair though I could see no stars and only by a vague, luminous haze, knew the presence of a moon. I longed for thee, Janet! Oh, I longed for thee both with soul and flesh! I asked of God, at once in anguish and humility, if I had not been long enough desolate, afflicted, tormented; and might not soon taste bliss and peace once more. That I merited all I endured, I acknowledged — that I could scarcely endure more, I pleaded; and the alpha and omega of my heart’s wishes broke involuntarily from my lips in the words — ‘Jane! Jane! Jane!’”
“Did you speak these words aloud?”
“I did, Jane. If any listener had heard me, he would have thought me mad: I pronounced them with suchfrantic energy.”
(chap.37)

J'étais dans ma chambre, assis près de la fenêtre ouverte, sentir l'air embaumé de la nuit m'apaisait bien que je ne voyais aucune étoile mais seulement un halo lumineux qui laissait deviner la lune. Je me languissais de toi, Janette ! Oh je me languissais de toute mon âme et de tout mon corps ! J'ai demandé à Dieu, avec une égale anxiété et humilité, si je n'avais pas suffisament été affligé, peiné et tourmenté, et si je pourrais bientôt de nouveau goûter à la félicité et à la paix. Je savais que ce que je méritais ce que j'endurais, mais j'invoquais le fait de ne plus pouvoir en endurer davantage, et alors la totalité des désirs de mon coeur firent jaillirent inconsciemment de mes lèvres ces mots : Jane ! Jane ! Jane !
Les as-tu formulé à haute voix ?
Oui, Jane. Si quelqu'un m'avait entendu, il m'aurait pris pour un fou tant je les prononçais avec passion.